PARIS (AFP)
10 Avril 2006 11h58
Chirac et Villepin annoncent le remplacement du CPE
Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont annoncé lundi le remplacement de l'article de loi créant le contrat première embauche (CPE) par un dispositif "en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes en difficulté", une décision immédiatement saluée par les syndicats après deux mois de crise.
"Sur proposition du Premier ministre et après avoir entendu les Présidents des groupes parlementaires et les responsables de la majorité, le Président de la République a décidé de remplacer l'article 8 de la loi sur l'égalité des chances par un dispositif en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes en difficulté", a annoncé l'Elysée.
Quelques minutes plus tard, le Premier ministre déclarait dans des termes similaires, de Matignon: "J'ai proposé au président de la République, qui l'a accepté, le remplacement de l'article 8 de la loi pour l'égalité des chances par des mesures en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes les plus en difficulté". Il précisait que "la nouvelle proposition de loi sera présentée dès ce matin" (lundi).
Il a souligné que "les conditions nécessaires de confiance et de sérénité" n'étaient "réunies ni du côté des jeunes, ni du côté des entreprises pour permettre l'application du contrat première embauche".
Cette annonce est intervenue au terme d'une réunion à l'Elysée d'à peine une heure des principaux responsables de ce dossier: outre MM. Chirac et de Villepin, le ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy, favorable au remplacement du CPE, les trois ministres concernés et les présidents des groupes UMP au Parlement, Bernard Accoyer et Josselin de Rohan, qui avaient été chargés de discuter avec les syndicats et organisations étudiantes et lycéennes.
Les organisations anti-CPE avaient donné au gouvernement jusqu'au 17 avril pour l'abrogation pure et simple de ce dispositif qui concerne les jeunes. Les syndicats ont applaudi vigoureusement la décision du gouvernement et de M. Chirac.
Le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, a déclaré à l'AFP, après l'intervention du Premier ministre, que "l'objectif de retrait du CPE était atteint", même s'il attendait de connaître "le contenu détaillé de la nouvelle proposition de loi".
Maryse Dumas, secrétaire confédérale de la CGT, a salué "le retrait" du CPE comme un "succès" de "l'action convergente des salariés, étudiants et lycéens ainsi que de l'unité syndicale".
Bruno Julliard, président de l'Unef, syndicat leader de la contestation étudiante, a pour sa part annoncé le maintien de la journée d'action de mardi, tout en estimant que la suppression du CPE constituait une "première victoire déterminante".
M. de Villepin a indiqué dans son allocution qu'il avait voulu "agir vite", en raison de la "situation dramatique" du chômage des jeunes. "J'ai voulu proposer une solution forte, parce que j'ai la conviction qu'au-delà de l'engagement nécessaire de l'Etat, seul un meilleur équilibre entre plus de souplesse pour les entreprises et plus de sécurité pour les salariés nous permettra de rompre avec le chômage dans notre pays", a-t-il expliqué.
"Cela n'a pas été compris par tous, je le regrette", a-t-il ajouté.
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